Pro rock climber Nikki Smith is pictured climbing in a beautiful destination.
CÉLÉBRATION

Pourquoi ces cinq aventuriers LGBTQIA+ explorent en plein air

De la randonnée en Patagonie jusqu’à la voile sur la côte atlantique, voici les histoires de cinq aventuriers et ce que le plein air représente pour eux.
PAR RACHEL CAVANAUGH
Chaque amateur du plein air a sa propre histoire. Certaines personnes le découvrent grâce à des mentors pendant l’enfance. D’autres vivent des moments spirituels une fois adultes.

Il y en a qui sont simplement nés avec l’aventure dans leur sang.

Peu importe le chemin que les gens empruntent, une chose est claire : une fois que le plein air vous appelle, il est difficile d’y résister. Que vous soyez attiré par les activités hautes en endorphines comme la randonnée et la course sur sentier ou la paix contemplative en communion avec la nature, passer du temps en plein air est puissant—c’est une pratique qui renforce les liens communautaires, développe la confiance et offre des expériences significatives dans la vie quotidienne.

De nos jours, il existe des organismes à travers l’Amérique du Nord qui sont dévoués à encourager les gens LGBTQIA+ à sortir davantage et créer des liens avec la communauté. The Venture Out Project(TVOP), par exemple, offre des ressources et organise des excursions en plein air qui visent spécifiquement les personnes queers et trans. Les événements fréquents incluent la randonnée, le camping, les expéditions, le ski, la raquette, le rafting et le kayak.
Columbia Sportswear est fière de s’associer avec The Venture Out Project dans nos efforts continus d’encourager tout le monde à sortir en plein air.
Le manque de représentation qu’on observe parfois dans l’industrie du plein air rend l’aspect communautaire d’autant plus important pour les gens LGBTQIA+. Les couvertures de magazines et les annonces de vêtements ne visent pas toujours les personnes queers, par exemple, et il peut souvent sembler difficile de se retrouver dans les activités de groupe. Par conséquent, les personnes LGBTQIA+ ne se sentent pas les bienvenues ou bien accueillies dans les milieux de plein air.

«Si un enfant ne voit pas quelqu’un qui lui ressemble—s’il ne le voit pas, comment peut-il savoir qu’il est capable de faire l’activité?» a expliqué Kenjah O’Donnell, coordonnateur des bénévoles chez TVOP lors d’un événement récent du groupe.

Pour célébrer le Mois de la fierté, Columbia Sportswear a rencontré cinq aventuriers LGBTQIA+ pour discuter des chemins qu’ils ont empruntés vers le plein air—les moments qui les ont inspirés, pourquoi ils étaient significatifs et comment le fait d’être dehors rejoint leur identité queer.
Savanna Shackleford smiles at the camera with scenic mountains blurred out in the background.

Savanna Shackleford

Vidéographe - Philadelphie, Pennsylvanie
Savanna Shackleford naviguait sous les étoiles sur une goélette de 40 mètres lorsqu’elle a entendu le plein air appeler son nom pour la première fois. Les parents de l’élève motivée en début du secondaire, qui rêvait de devenir biologiste de la vie marine, l’avaient inscrite dans un cours de voile d’un mois sur la côte de la Nouvelle Angleterre pour voir si elle était bien adaptée à la vie sur la mer.

Stationnée sur la proue un soir, elle a regardé vers la mer. Là-bas, la jeune de 13 ans éblouie voyait des tourbillons de motifs bleu néon qui scintillaient dans l’eau.

«Chaque petite étoile projetait sa lumière sur les vagues,» s’est rappelé la femme originaire de Philadelphie. «J’étais dans l’obscurité totale, et tout ce que je voyais, c’est la ligne de l’horizon où l’océan rencontrait le ciel. La bioluminescence dansait sur l’écume des vagues le long de la coque du navire.» «C’était tellement incroyable. J’avais l’impression que la Terre me parlait, et depuis ce moment, je recherche ce sentiment de paix.»

Elle a obtenu son permis de plongée sous-marine et a passé la plupart des années suivantes dans l’exploration sous l’eau. Au moment où elle est arrivée à l’université en Caroline du Nord cinq ans plus tard, elle a choisi l’école de cinéma plutôt que la biologie puisque ça lui permettrait de passer du temps dehors sans devenir «une scientifique stressée.» Elle a toutefois maintenu sa passion pour tout ce qui touche à la science marine.

Durant ce temps, elle a commencé à remplir sa besace avec d’autres activités de plein air, incluant la randonnée, le camping, l’escalade, le surf et la planche à neige. Elle a vécu pendant une courte période au New Hampshire, et a profité de son passage pour gravir quelques-unes des montagnes de plus de 1200m de la région.

La vidéographe compte déménager au Colorado en août pour commencer un nouvel emploi comme scénariste, et bien des aventures en plein air seront à sa portée.
«Je me sers du plein air comme moyen de décompresser et pour m’évader d’une partie de la frénésie du monde.»
Savanna Shackleford
Shackleford dit que s’immerger dans la nature est thérapeutique pour elle. De plus, il y a un élément spirituel et religieux, affirme-t-elle.

«Je fais de l’anxiété, alors je me sers du plein air comme moyen de décompresser et pour m’évader d’une partie de la frénésie du monde,» explique-t-elle. «Dehors, je me sens calme, ce qui ne m’arrive pas souvent dans ma vie au quotidien. C’est une échappatoire.»

Pendant sa jeunesse, le plein air lui offrait aussi un espace pour explorer son identité, dit-elle, comme porter des vêtements de «garçon manqué» sans se faire juger. Ça lui donnait aussi une raison d’être tenace et de se salir, ce qu’elle adorait.

«Dehors dans la nature, je pouvais me promener en t-shirt avec un vieux pantalon usé. Ça me donnait plus de liberté pour m’exprimer. Pour ne pas avoir à rentrer dans une case.»

Plus tôt cette année, la conjointe de longue date de Shackleford l’a demandée en mariage et elles comptent se marier après leur déménagement dans l’ouest. Une fois qu’elles seront bien installées, elle espère créer des liens avec une communauté de passionnés du plein air qui partagent ses intérêts et son mode de vie.

Shackleford aimerait travailler un jour pour une compagnie médiatique de plein air afin de combiner sa passion pour le plein air avec sa carrière. Elle aimerait également se servir de ces médias pour rendre le plein air plus accessible et inclusif, particulièrement pour d’autres personnes queers comme elle.

«Je crois fermement que le plein air est pour tout le monde,» affirme-t-elle. «Je veux pouvoir raconter mon histoire et celles des autres—pour que tout le monde sache que le plein air peut être différent pour tout le monde.»
Rocky Heron smiles softly for the camera on a sunny day outside while wearing a navy-colored tank top and baseball cap. In the background sits a blurry hills with grass and rocks.

Rocky Heron

Instructeur de yoga - Los Angeles, Californie
Pour Rocky Heron, le but d’être dehors n’a jamais été d’escalader la montagne la plus haute ou courir le plus rapidement. Il a toujours été de se rapprocher de la nature.

Cette idée se perd parfois parmi les images populaires du plein air avec des homme ultra robustes qui grimpent sur une paroi rocheuse verticale ou qui établissent des records personnels.

Mais l’amour du plein air de Heron n’est pas basé sur l’athlétisme classique, explique-t-il.

«Ce n’est pas vraiment ce qui fait que je sorte en plein ou la raison pour laquelle j’adore la nature,» dit-il. «L’important n’est pas de battre mes records. C’est d’avoir du contact avec le monde naturel.»

Enfant unique d’une mère monoparentale, Héron et sa mère ont déménagé au petit village de Sonora près du Parc national Yosemite quand il avait 10 ans. Vivant avec la Sierra Nevada dans sa cour, il a grandi en faisant du camping avec des amis et en faisant des excursions dans le parc. Ils faisaient parfois de la randonnée jusqu’à des chutes d’eau éloignées, et à d’autres moments, ils louaient des vélos pour explorer les paysages sur deux roues.

Heron attribue à sa mère l’étincelle de sa passion à vie pour le plein air. «C’était important pour elle que je sois immergé dans la nature en grandissant, et que je développe un lien étroit avec le monde naturel.»

Adulte, Heron a été attiré vers les grandes villes comme New York, San Francisco et Los Angeles, où il habite actuellement. Le contact avec le plein air est ce qui lui permet de demeurer bien centré au milieu du tourbillon de la vie urbaine.

«J’habite dans un entrepôt dans le centre-ville de Los Angeles,» dit Heron. «C’est une boîte en béton au milieu d’une ville en béton. Ça me rend très conscient des bénéfices que je reçois et comment mon corps se sent quand j’ai l’occasion de sortir en plein air.»
«La nature ne vous juge pas. La nature n’a pas d’opinion sur qui vous devriez ou ne devriez pas être.»
Rocky Heron
Pendant son enfance, Heron souffrait d’asthme, ce qui refroidissait initialement ses ardeurs pour le plein air—quelque chose qu’il associait avec des activités basées sur l’endurance. Avoir un mélange d’énergie masculine et féminine allait aussi à l’encontre de son idée d’une personne passionnée du plein air.

«J’ai toujours été plus de type créatif que sportif,» explique-t-il. «Étant quelqu’un avec un penchant pour l’esthétique et la beauté et l’art et la performance, il me semblait que le plein air n’était pas vraiment pour moi. C’était pour les aventuriers plus robustes, ou les athlètes, ou ce genre d’énergie plus masculine.» Ces dernières années, cependant, il a repris contact avec son côté mordu du plein air, ce qui a eu un impact profond, dit-il, surtout lorsqu’il a l’occasion de le partager avec d’autres hommes gais. Il a redécouvert les passe-temps de son enfance comme la randonnée et le camping, et il mène maintenant des retraites de yoga au Costa Rica.

Il a également commencé à assister au festival Burning Mac, ce qui a été particulièrement significatif puisque ça lui permet de faire des liens avec des personnes queers qui partagent ses excentricités et adorent aussi être en plein air. Ça fait ressortir une «innocence enfantine,» affirme-t-il, quand il passe du temps dehors en compagnie d’autres homme gais.

«On commence à sauter en bas de rochers dans l’eau, à grimper dans des arbres et à explorer la nature. Ça renouvelle le lien avec les enfants [que nous étions] avant l’identité sexuelle ou la honte ou toutes les choses qui ont tendance à définir un bon nombre de gens parmi nous.»

«Être capable de sortir dans le désert avec la communauté queer et apporter des costumes et jouer et gambader dans la forêt—ça m’a permis de réévaluer ma relation avec le plein air, où ce n’est pas seulement axé sur les activités, mais aussi un endroit pour danser, être créatif et jouer.»

Ça offre aussi un milieu sécuritaire pour être nous-mêmes, dit-il.

«Tant de choses sont projetées sur nous en tant qu’hommes gais, et pour beaucoup parmi nous, il n’y a pas vraiment un modèle qui définit qui on devrait être. Créer un contact avec la nature dépasse l’identité sexuelle et ces différentes étiquettes.»

«La nature ne vous juge pas. La nature n’a pas d’opinion sur qui vous devriez ou ne devriez pas être. Il n’y a pas une version spécifique de vous-même qui est censée se présenter. Explorer et utiliser votre corps d’une manière qui s’adapte au monde naturel, c’est une sorte de remise à zéro. Un retour au bercail.»
Pro climber Nikki Smith scales a vertical rock face covered in ice while wearing a bright multi-colored jacket and yellow helmet.
Photo credit: Jake Hirschi (image above and header)

Nikki Smith

Grimpeuse professionnelle - Salt Lake City, Utah
Nikki Smith est une dure à cuire par excellence. En tant que grimpeuse professionnelle, elle peut se vanter d’avoir plus de 150 premières ascensions à son actif. Elle est habile sur les rochers, la glace et la neige, et compétitionne aussi comme coureuse professionnelle sur sentier.

D’une certaine manière, la célébrité de Smith comme grimpeuse était inévitable. Elle a grandi dans une famille d’amateurs de plein air obsédés par les roches près de Salt Lake City, où son père l’amenait à la recherche de roches et de minéraux.

En dépit de sa peur des hauteurs, les roches étaient dans son ADN, alors Smith s’est rapidement mise à les escalader, en disant que ça l’aiderait à avoir l’esprit clair.

«Ça m’apportait quelque chose qui me permettait d’atteindre un niveau de concentration que je n’avais jamais vécu auparavant,» affirme-t-elle. «Tout est devenu silencieux. Je pouvais me couper du monde pendant un petit moment.» À l’école, Smith dit qu’elle ne se sentait jamais à sa place : sa famille manquait d’argent, elle a perdu son père, décédé de la leucémie, quand elle avait 14 ans et elle était trans à une époque où peu de gens (incluant elle-même) savaient ce que cela voulait dire. L’escalade lui offrait un espace où elle pouvait être elle-même.

«En plein air, je ne me sentais pas jugée. C’était un endroit où je pouvais exister tout simplement et ne pas me soucier qu’on allait se moquer de moi. Je pouvais juste être tranquille.»

Rendue à l’université, Smith était solidement enracinée dans le monde de l’escalade. Mais pour autant qu’elle aimait la communauté, c’était «macho et dominé par les hommes,» surtout dans les domaines alpin et sur glace. Révéler son identité trans ne semblait pas être une option.

«Il m’arrivait d’entendre des partenaires d’escalade, des collègues de travail, des amis, des membres de ma famille dire des choses horribles sur les personnes trans, droit devant moi,» se rappelle-t-elle. «Ils n’avaient aucune idée. Alors on compile tous ces commentaires, et on se dit, “bon, si jamais je me dévoile, c’est fini pour eux. Ils ne donneront pas de soutien. Cette personne non plus. Ni celle-là .

«Je ne trouvais aucune manière de me dévoiler et être moi-même.»
«Mon truc maintenant en plein air est d’être très visible. D’être la personne—la femme—que je n’avais jamais comme modèle.»
Nikki Smith
Pendant presque deux décennies, Smith a continué d’accumuler la reconnaissance et le prestige. Pourtant, plus elle devenait célèbre, plus ça semblait difficile de se révéler, alors elle gardait son identité secrète.

En 2017, elle était dans la quarantaine et au sommet de sa carrière, mais le fardeau de vivre de façon inauthentique était devenu trop lourd à porter.

Elle a décidé de mettre fin à sa vie en montagne et de le faire paraître comme un accident.

«Je n’allais pas laisser un message ou quelque chose parce que je voulais que personne ne sache la raison.»

La veille du jour où elle devait exécuter son plan, elle est tombée sur une citation de Brené Brown à propos de délaisser l’armure protectrice et de vivre une vie plus en harmonie avec son vrai soi-même.

La dernière ligne disait, «C’est l’heure de se pointer et d’être vu.» C’était comme si les mots avaient été écrits juste pour elle.

Smith s’est rendu compte à cet instant qu’elle n’avait plus rien à perdre. Le moment était venu de découvrir si elle pouvait exister en tant que son vrai soi-même et encore être heureuse.

Au départ, elle s’est dévoilée seulement auprès de son conseiller. «J’ai lutté pendant longtemps,» dit Smith. «Je voulais que mon thérapeute essaie de me réparer de me dire comment je pouvais faire pour rester en vie en faisant semblant d’être quelqu’un que je n’étais pas. Ça m’a pris du temps pour lâcher prise et accepter qui j’étais.»

Elle s’est finalement dévoilée publiquement en 2018. Depuis, c’est un monde complètement différent, constate-t-elle. Certaines personnes l’ont appuyée, d’autres pas.

Mais en fin de compte, elle vit fidèlement à elle-même et inspire d’autres à faire pareil. Qui plus est, en sauvant sa propre vie cette nuit-là, elle sauvé la vie de bien d’autres personnes aussi.

«Je reçois des messages presque chaque semaine maintenant parce que mon histoire a été racontée dans des revues et des balados partout au monde,» dit-elle. «Ils sont envoyés par des gens qui se croyaient seuls, et puis qui ont lu mon histoire.»

«Alors mon truc maintenant en plein air est d’être très visible. D’être la personne—la femme—que je n’avais jamais comme modèle.»
Allen Cárdenas stands with his hands in his pockets smiling at the camera as gorgeous mountains overlook an alpine lake in the background.

Allen Cárdenas

Organisateur de loisirs en plein air - Seattle, Washington
Allen Cárdenas était entouré par des chevaux sauvages dans les collines rurales en Mongolie le soir où il a vraiment découvert le plein air.

Étudiant universitaire, il enseignait alors l’anglais à l’étranger, et sa famille d’accueil l’avait emmené faire une excursion près du Parc national Gorkhi Terelj. Jusqu’à ce moment-là, il n’avait jamais fait du camping, et n’avait pas vraiment été attiré par les activités qui impliquaient vivre «à la dure.»

Pourtant, quelque chose pendant ce voyage l’a marqué.

«Nous étions là-bas pendant deux ou trois jours,» se souvient-il. «C’était boueux, c’était sale, il pleuvait. Mais je me souviens seulement des heures passées assis autour du feu de camp avec mon frère d’accueil et ses amis. «Ils contaient des histoire en mongol : il y avait beaucoup de rires, beaucoup de blagues. Très peu de gens parlaient anglais, mais je me suis rendu compte que je n’avais pas besoin du langage pour communiquer avec eux. Je ressentais l’esprit de ce qu’ils disaient, et je ressentais un lien étroit.»

Plus tard cette année-là, il a eu une expérience semblable en étudiant à l’étranger en Argentine. Lors d’excursions dans les régions de Salta et en Patagonie, il a été enchanté par la beauté naturelle des environs.

«Ça a été vraiment marquant,» dit-il. «J’ai eu l’occasion de voir des paysages désertiques, des paysages luxuriants de type alpin. C’était ma première vraie expérience en randonnée et je l’ai adorée.»

Après ses expériences à l’étranger, Cárdenas est revenu à Washington, D.C., mais il s’est rendu compte que la ville ne lui convenait plus—il voulait se rapprocher de ce nouvel amour du plein air. Il est parti en randonnée à travers le Pérou et le Mexique, et a déménagé par la suite à Seattle. Là, il a commencé à apprendre les techniques d’alpinisme et a obtenu une bourse du Service des parcs nationaux où il travaille encore maintenant.

Quand Cárdenas pense à son lien avec la nature, il réalise que c’est l’aspect social qui l’attire le plus—ce qu’il attribue largement à ses racines latino-américaines. Tout comme en Mongolie avec sa famille d’accueil qui racontait des histoires, il se réjouit d’être dehors à parler et partager avec des gens.

«La famille est une valeur fondamentale pour moi,» affirme-t-il. «Parfois je ne me rends pas compte jusqu’à quel point. L’esprit de communauté est à la base de tout. Ça fait partie de ma culture.
«Je n’ai pas besoin de changer ma façon de parler ou cacher mes intérêts. Je peux me pointer avec ma vraie nature. Je n’ai plus besoin d’alterner les codes.»
Allen Cárdenas
Cárdenas a grandi à Modesto, en Californie, où sa famille n’était pas des adeptes du plein air dans le sens classique, dit-il. Cependant, son grand-père était fermier et a stimulé un contact précoce avec la nature.

«Il avait un superbe jardin où il m’a appris des techniques d’agriculture,» se rappelle Cárdenas. «Nous passions nos étés à cultiver des tomates et des piments. Ma famille mangeait ensemble dehors. Je pense que j’ai gardé cette habitude.»

Sa perspective sur ce que signifie être un adepte du plein air a changé dans les dernières années, tout comme sa perspective sur ce que signifie être gai, surtout après une expérience négative avec un amoureux—une expérience qu’il a qualifiée de «déstabilisante et informative.»

«Il a dit essentiellement que je n’étais pas suffisamment gai parce que j’aime le plein air et j’aime faire de la randonnée,» se souvient Cárdenas. «Il me rentrait vraiment dans une case. Je me suis dit, “on n’est pas censé briser ces stéréotypes?”»

L’expérience l’a aidé à délaisser des notions préconçues qu’il avait sur le plein air ou sur la façon dont son identité rencontre ces espaces.

«Beaucoup de gens ressentent le besoin de se modifier dans certains endroits,» a-t-il poursuivi. «Ce que j’ai appris, c’est que je peux être un randonneur, et je peux être sale et puant—tout en étant gai. Je n’ai pas besoin de changer ma façon de parler ou cacher mes intérêts. Je peux me pointer avec ma vraie nature. Je n’ai plus besoin d’alterner les codes.»

Il a maintenant un conjoint de longue date qui apprécie le plein air autant que lui. Être dehors en sa compagnie a tout changé, dit Cárdenas.

«Je me sens fort. Je me sens invincible. Je me sens puissant. J’ai le sentiment que nous pouvons faire tout ce que nous voulons, être qui nous voulons, et prendre l’espace dont nous avons besoin.»

Il ne ressent plus le besoin de changer quoi que ce soit chez lui, dit-il.

«Quand j’étais jeune, je ressentais le besoin d’être plus masculin, de représenter cette image robuste de joueur de football ou quelque chose du genre. Mais je n’ai plus ce sentiment. Je retrouve de la valeur chez moi. Je ne suis pas la personne la plus masculine, mais c’est correct. Je trouve que c’est beau.»

«Ça m’appartient. Je suis ma propre version de moi-même.»
Pro kiteboarder Michaela Pilkenton smiles widely at the camera in a wetsuit as she soars across the water holding her kite in the background.

Michaela Pilkenton

Surfeuse cerf-voliste professionnelle - Maui, Hawaï
Michaela Pilkenton est partie récemment en tournée mondiale, réussissant des exploits incroyables dehors—dont être la première surfeuse cerf-voliste professionnelle ouvertement gaie.

Du Mexique et la France jusqu’à son domicile actuel à Hawaï, Pilkenton fait tomber des barrières et «crée des vagues,» pourrait-on dire, dans le monde du kitesurf.

Mais elle n’a pas commencé au sommet.

Native de Sherwood, en Oregon, un petit village près de Portland, elle a grandi avec un mode de vie sportif bien réglementé qui s’étendait du soccer jusqu’au patinage artistique. Il y avait toujours un équilibre précaire entre l’hyper féminité du patinage artistique et l’esprit plus robuste et plus masculin du soccer.

Pilkenton trouvait difficile de suivre les normes de genre, dit-elle. On se moquait d’elle parce qu’elle était trop masculine ou parce qu’elle n’avait pas de chums, et elle pouvait rarement relaxer et être elle-même.

«L’école secondaire était pas mal difficile parce que j’étais dans le placard et je me faisais beaucoup intimider,» se rappelle-t-elle. «Les espaces qui existaient et qui étaient disponibles pour moi n’étaient pas inclusifs ou accueillants.»

Cependant, la situation a commencé à s’améliorer à l’université lorsqu’elle a découvert le Programme de loisirs en plein air à l’Université de l’Oregon. En plus d’offrir un environnement inclusif pour les personnes LGBTQIA+, le programme lui a permis de découvrir le ski et la planche à neige hors-piste—ainsi que de goûter pour la première fois à la liberté et l’acceptation de soi.

«La chaîne des Cascades est devenue mon terrain de jeu,» se souvient-elle. «La première fois que je me suis sentie libre, c’est la première fois que j’ai fait de la planche à neige. Je suis partie sur la montagne et je pouvais aller où je voulais. J’étais derrière un masque. Personne ne s’occupait de qui j’étais, ni de mon apparence. C’est ce sentiment de liberté qui m’a accrochée.»

Ayant pris de la confiance grâce à la liberté et l’adrénaline, elle a décidé d’essayer un nouveau sport avant sa dernière année d’université : le kitesurf. Elle s’est découvert un talent naturel.

«Les leçons ne devaient durer qu’une heure, et on sortait pendant quatre heures. J’étais le genre de personne qui devenait experte sans effort et que tout le monde déteste,» se rappelle-t-elle en riant.

Elle a négocié une entente avec une école de kitesurf sur la côte de l’Oregon dans le but d’aider à payer pour sa nouvelle passion, et ses habiletés se sont développées rapidement. Le kitesurf a bientôt occupé une place prépondérante dans sa vie.
«Si vous êtes une personne gaie, vous allez peut-être regarder le kitesurf et penser que c’est un sport où vous n’avez pas votre place. J’ai donc essayé de sensibiliser les gens queers au sport.»
Michaela Pilkenton
Lors d’une compétition en 2019 à Hood River en Oregon, Pilkenton a fait tourner les têtes en réussissant un looping de cerf-volant avec un cerf-volant de 12 mètres—un modèle énorme pour le vent qui soufflait cette journée-là. À cette époque, peu de femmes tentaient de faire des loopings, et encore moins de cette envergure avec succès.

«J’ai été éliminée dans la première ronde, mais beaucoup de personnes sont venues me voir et m’ont dit, “Wow, tu as réussi un looping de cerf-volant, bravo!”» se souvient-elle. «Personne ne s’attendait à ça de la part d’une femme.»

En décembre dernier, après trois ans et d’innombrables sauts de cerf-volant, Naish l’a engagée comme membre de son équipe internationale. Elle est donc devenue la première surfeuse cerf-voliste ouvertement queer à bénéficier d’une commandite complète.

Elle habite actuellement à Maui où elle profite pleinement des fruits de son labeur. Cependant, elle a constaté que le kitesurf ne semble pas aussi inclusif que le ski et ses autres sports de plein air à l’université. Ça demeure un sport de gars, dit-elle.

L’une de ses missions de vie est dorénavant d’aider à faire changer ces perceptions.

«J’essaie d’augmenter la visibilité du sport pour les personnes queers.» Avant chaque compétition, elle attache un arc-en-ciel à son maillot pour aider à sensibiliser les gens.

Elle aimerait également commencer à organiser d’autres événements centrés sur les personnes LGBTQIA+, mais le peu de participants crée des obstacles.

«Déjà en partant, il n’y a pas beaucoup de surfeurs cerf-volistes, et ils sont très éparpillés,» dit-elle. «Si j’essayais d’organiser une soirée de kitesurf queer à Maui, je crois qu’il y aurait moi et ma copine, et peut-être un autre couple de lesbiennes.» rit-elle.

«Il n’y a simplement pas assez de monde actuellement pour créer ces espaces.» Entre-temps, elle organise des événements pour les femmes et affirme qu’elle offrira des camps et des ateliers pour personnes queers à mesure que le sport continue de croître.

Pour le moment, elle est heureuse d’avoir l’occasion d’augmenter la visibilité et la représentation dans le sport qu’elle aime tant.

«Nous avons une expression dans notre famille: “occupez l’espace.” Simplement en occupant l’espace en tant que surfeuse cerf-voliste professionnelle gaie et ouverte et de l’afficher—je crois que c’est énorme dans cette communauté.»
Pour plus d’informations sur la communauté LGBTQIA+ en plein air, découvrez The Venture Out Project.
We believe the outdoors are for everyone.